Un bus déverse une belle brochette de touristes sur le parvis d’un luxueux hôtel situé en bord de lagune au nord de Mumbaï.
Ce n’est pas par l’entrée des artistes mais par les cuisines de l’hôtel (valant celles du Plaza à Paris !) que nous entrons dans les somptueux salons investis par la production Sunrise Pictures.
Postiches, perruques, rajouts, strass, lentilles colorant les yeux, faux cils, faux ongles, talons aiguilles, seins luisants sous les projecteurs, peaux poudrées, tenues flashies, verres à faux cocktails colorés, montagnes de fleurs, verrerie et tapis… tous les accessoires nécessaires pleuvent pour alimenter ce qui doit être la soirée d’inauguration de ซ Biographie d’un acteur ป sous l’il figurant du pseudo gratin intellectuel littéraire bombayen, NOUS !
J’ai droit à un relookage : brushing à l’américaine, maquillage genre plâtre de camouflage (ça ne flatte pas vraiment l’ego !) et petit top orangé à paillettes laissant voir plus que nécessaire mes formes…
S’ouvre alors devant nous le grand ballet à paillettes d’un tournage sans petit rat mais à la tête d’affiche de starlettes Bollywoodiennes !
Les prises commencent alors sous le regard de tout le staff technique et des chefs cuistots, intrigués !
Le réalisateur, un indien ventripotent en polo rose beugle dans son micro des ordres et ajuste à chaque prise sa composition d’image.
L’acteur principal Sanjay Bavgan, a de ces gestes entre minutie narcissique et indifférence feinte à chaque fois que le maquilleur lui présente le miroir pour une retouche. Il luit !
Il fume cigarette sur cigarette entre chaque prise avec un air désabusé et condescendant.
Un petit bonhomme qui pourrait être un copain de Benny Hill le suit à la trace : il est son cendrier ambulant personnel !
Action ! Nous feignons les rires mondains inspirés, c’est un régal de communication ne dépassant pas les deux minutes avant le Cut !.
Apparaît alors un acteur que je reconnais. Je l’avais adoré dans cette scène de Bounty aur Bably où il fait un pas de danse…Parthaa Akerkar. J’ose lui demander un autographe qu’il signera sur mon livre ซ Marilyn dernières séances ป…wwwaaoouuhh
La nuit tombe sur la baie buildinguée, c’est long. Mon impatience afflue comme des fourmis dans les jambes, je commence à ne plus tenir en place, à rigoler avec les techniciens, à faire des photos débiles avec le clap et à m’esclaffer bruyamment comme à mon habitude.
Mon compatriote Arnaud rencontré la veille n’en fait pas moins et renchérit chaque ordre du réal par des cris et encouragements digne d’un supporter en plein stade faisant sursauter les indiennes fagotées dans leurs sarees !
J’arrache les fleurs du décor pour en déposer les pétales dans les verres à cocktails, en fixer en boutonnière aux costumes des figurants, (c’est pas raccord mais tous le monde s’en fout !) et m’en accrocher une belle dans les cheveux.
L’envie de retourner buller au bord de la magnifique piscine me tente bien, c’est alors que le chef plateau s’approche (je me dis ซ je l’aurais bien cherché, c’est ma fin !bouhhh ป) et à ma grande surprise il m’amène près de la star et me fait jouer la prochaine scène avec lui ! Enfin, restons humbles : à côté de lui !
Gros plan sur mes dents, sur ma fleur ou peut-être sur mes seins, qui sait ??
J’ai gagné. Je suis sûre d’être à l’écran de ce film Hulla Boll, et je repars carte de visite en main et un boulot 4 fois mieux payé m’attend le lendemain. Coupez !